11 questions sur la consommation de médias
À partir de quand mon enfant a-t-il besoin d'un téléphone portable ?
Un enfant n'a besoin d'un téléphone portable que s'il est prêt à utiliser certaines des fonctions offertes par un téléphone portable, s'il est capable d'utiliser un tel petit ordinateur de manière responsable et si l'enfant et ses parents sont également heureux d'être en contact via le téléphone portable. En d'autres termes, si une élève de première année demande un téléphone portable et ne veut l'utiliser que pour prendre des photos, il vaut mieux lui donner un vieil appareil photo numérique. Si un élève de deuxième année demande un téléphone portable pour pouvoir jouer sur une application, il peut aussi le faire sur la tablette de la maison. Mais si une élève de quatrième année souhaite déjà communiquer avec ses camarades par le biais des médias numériques, téléphoner avec son portable, prendre des photos et utiliser d'autres fonctions, il vaut la peine de discuter d'un appareil personnel.
Dans la pratique, on constate que le désir d'avoir son propre téléphone portable dépend fortement du groupe de pairs des enfants. Et que le désir apparaît à des âges de plus en plus jeunes, l'âge de la première possession étant de plus en plus reculé. Personnellement, je ne conseillerais pas de donner à un enfant son propre smartphone avant la 4e ou la 5e année sans raison particulière. Même si les enfants possèdent déjà leur propre appareil à ce moment-là, toutes les fonctions ne doivent pas encore être activées.
Eveline Hipeli, spécialiste en communication et docteur en pédagogie des médias à la Haute école pédagogique de Zurich
Dois-je conclure un contrat avec mon enfant pour l'utilisation de son téléphone portable ?
Si votre fils ou votre fille vient d'acquérir un téléphone portable, le plus important est d'avoir une discussion sur l'utilisation responsable de l'appareil, sur les données personnelles (et celles des autres) ainsi que sur les règles relatives au téléphone portable qui devraient s'appliquer aussi bien aux enfants qu'aux parents à la maison. Certains parents rédigent à cet effet des « contrats de téléphone portable » dans lesquels les enfants s'engagent à respecter certaines règles. C'est certainement judicieux à un jeune âge, car cela signale et concrétise le caractère obligatoire des règles.
Mais il faut être conscient que ces contrats ne garantissent pas à 100 % la manière dont les enfants utiliseront effectivement les appareils numériques - ils les utiliseront certainement aussi un jour différemment de ce que les parents souhaiteraient. Avec l'âge, le contrôle parental diminue naturellement et, à la puberté, de tels contrats de téléphonie mobile ont tendance à être difficiles, car les enfants réagissent plutôt par une opposition à trop de règles. Il peut alors être utile de se rappeler que nous, les parents, sommes avant tout des conseillers, des accompagnateurs et des soutiens de nos enfants, mais pas des policiers.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
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Le retrait du téléphone portable est-il une punition judicieuse ?
En principe, les parents ne devraient pas utiliser le retrait du portable comme moyen d'éducation et donc comme punition - mais à l'inverse, l'utilisation du portable ne doit pas non plus être une récompense. Si un enfant enfreint constamment les règles convenues pour l'utilisation du téléphone portable, les parents pourraient s'emparer brièvement de l'appareil - jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. Dans l'ensemble, il est important de donner aux jeunes l'exemple d'une utilisation raisonnable du smartphone. Sans compter que quatre cinquièmes des adolescents maîtrisent leur utilisation d'Internet. Près de 9 % ont un comportement en ligne problématique et 12 % un comportement à risque.
Daniel Süss, psychologue des médias à la Haute école des sciences appliquées de Zurich
Les parents ont-ils le droit de contrôler le téléphone portable de leur enfant ?
Il y a des parents qui lisent les journaux intimes de leurs enfants et d'autres qui contrôlent les discussions sur Whatsapp. Certains parents ont de tels accords avec leurs enfants, et d'autres le font en secret. Personnellement, je ne recommanderais pas ce genre de stratégie, car elle empiète fortement sur la vie privée de l'enfant. De plus, d'un point de vue juridique, les enfants sont considérés comme capables de discernement à 14 ans. Cela ne signifie pas qu'ils peuvent déjà évaluer toutes les conséquences de leurs actes, mais cela signifie qu'ils doivent aussi disposer d'espaces de liberté dans lesquels ils peuvent agir sans être surveillés et faire leurs propres expériences.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
Puis-je localiser mon enfant par GPS ?
Tout dépend de votre besoin de sécurité. En principe, il n'y a rien de mal à vouloir savoir où se trouve son enfant. Mais derrière cela se cache aussi la question suivante : est-ce que je surveille mon enfant en secret ou est-ce que j'en parle avec mon enfant ? Plus l'enfant est jeune, plus le besoin des parents de savoir où se trouve et se déplace leur enfant est compréhensible. Mais localiser et contrôler sa progéniture en secret à l'adolescence est peu recommandable et ne témoigne pas d'une culture de la confiance. De plus, la recherche a montré que le fait que les enfants ne puissent jamais faire l'expérience de l'espace social de manière totalement indépendante et sans être surveillés a une influence négative sur leur développement vers l'autonomie. Il convient donc de trouver un équilibre sain et de parler impérativement des applications de suivi avec les enfants.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
«Les moins de 14 ans ne sont pas capables de s'autolimiter en jouant - les parents doivent quasiment remplacer le cortex frontal manquant».
Lutz Jäncke, neuropsychologue
Dois-je être moi-même un expert des médias sociaux pour préparer mon enfant à l'avenir numérique ?
Non, certainement pas. Bien sûr, en tant que mère ou père, il faut s'intéresser à ce qui est important dans la vie de l'enfant, y compris en ce qui concerne les médias. Mais il n'est pas nécessaire d'utiliser toutes les applications et tous les jeux aussi souvent que l'enfant pour être à la page. Il est bien plus pertinent de connaître les raisons pour lesquelles les enfants et les adolescents utilisent volontiers telle ou telle application. Et si les parents parlent de ces choses avec leurs enfants, ils resteront dans le coup.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
Dois-je interdire à mon enfant de jouer ?
Le jeu ne devrait pas être diabolisé par principe. Il existe aujourd'hui plusieurs études qui montrent que les jeux vidéo augmentent la dextérité. Les jeux vidéo ont également des effets positifs sur la formation de l'identité et le développement social et cognitif. D'autres études ont démontré que le centre de récompense du cerveau des enfants qui jouent quotidiennement est nettement plus grand. Le centre de récompense est responsable des sensations de plaisir de toutes sortes. Les joueurs fréquents ont d'autant plus de mal à se soustraire à un jeu informatique. Lorsqu'un enfant a joué deux heures à une console et qu'on veut l'en sortir, on assiste souvent à un phénomène qui ressemble au sevrage des toxicomanes : L'enfant se défend, se rebelle et crie. J'en ai fait l'expérience avec mes propres enfants. C'est pourquoi je recommande des limites de temps - d'autant plus pour les enfants et les adolescents entre 11 et 14 ans, dont le cerveau est en train de se reconstruire totalement. Le développement de leur cerveau ne leur permet pas de s'autolimiter efficacement, c'est pourquoi les parents doivent quasiment remplacer le cortex frontal manquant, le cerveau frontal, jusqu'à ce qu'il soit mature. C'est cela l'éducation.
Lutz Jäncke, neuropsychologue
Quel est l'intérêt d'un temps d'écran fixe ?
Il est tout à fait possible d'instaurer des heures d'écran «fixes», mais il faut tenir compte de deux choses : Premièrement, il y a toujours des jours où l'on ne doit pas utiliser d'écran du tout. Deuxièmement, il arrive que l'on ait besoin d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un téléphone portable pour faire ses devoirs ou préparer ses examens - au-delà de l'horaire convenu. Il convient donc d'accorder une certaine flexibilité aux enfants et de négocier ensemble la manière exacte dont on souhaite organiser ces temps d'écran. Plus les enfants sont âgés, plus leur droit de regard devrait être important. Il est donc préférable de discuter de ces règles en fonction de la situation ou à un intervalle de temps défini. Il est tout aussi important de parler de choses positives - le film, la vidéo que l'enfant vient de voir ou d'autres facettes autour de ce thème - que de parler de l'utilisation des médias. Il ne faut pas donner l'impression que l'on ne parle de médias que lorsqu'il est question de règles et de dangers.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
Qu'est-ce qu'un enfant apprend dans le domaine des médias et de l'informatique que je ne peux pas lui transmettre moi-même en tant que mère ?
À la maison, les enfants jouent principalement le rôle de consommateurs de médias. A l'école, ils deviennent des producteurs de médias. Dans l'idéal, l'enfant apprend dès le jardin d'enfants à comprendre lentement ce que les médias peuvent faire, comment ils fonctionnent et comment ils nous divertissent et nous influencent. En informatique, ils apprennent à penser de manière informatique et à comprendre comment fonctionne le monde programmé dans lequel ils grandissent : Les feux de signalisation, les tableaux de commande à la gare, les machines à café - comment fonctionnent-ils en réalité ? Au sens strict, ce n'est rien d'autre que ce que nous, parents, avons pu apprendre en cours de physique : pourquoi la lumière s'allume lorsque nous appuyons sur un interrupteur.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
Les parents se plaignent du fort potentiel d'addiction des smartphones et des consoles. Comment peut-on, en tant que mère ou père, contrecarrer ce phénomène ?
Autrefois, la lecture avait exactement le même potentiel addictif pour nous. Enfant, je passais des nuits entières à lire des livres sous la couette à la lueur de la lampe de poche. Je ne vois donc pas de différence entre les jeux et la lecture. Il s'agit de ce qui est considéré comme moralement meilleur à un moment donné. Le problème de nombreux parents est qu'ils perçoivent les appareils électroniques comme étrangers. Ils ne peuvent pas contrôler les contenus qui absorbent l'attention des enfants. Pour les adultes, ils sont un adversaire. Ce qui aide, c'est un accord clair avec les enfants en ce qui concerne le temps passé devant les médias. Lorsque nous parlons de l'utilisation du téléphone portable, il s'agit toujours d'exiger des enfants certains efforts d'adaptation.
Philipp Ramming, psychologue pour enfants et adolescents
Quelle est l'importance de la lecture à l'ère du numérique ?
C'est toujours aussi essentiel, surtout la lecture de textes longs et la compréhension de contextes plus larges. Grâce aux médias sociaux et aux informations via des hyperliens, nous sommes de plus en plus habitués à absorber les informations par petits bouts. Il est donc important de s'armer de patience pour lire un texte plus long et le percevoir dans son ensemble. En outre, la présence de tablettes et autres ne signifie pas nécessairement que le bon vieux livre a fait son temps. Au contraire : lire un livre sans être distrait par l'arrivée de notifications et se plonger ainsi dans une histoire passionnante sans être dérangé peut être une grande expérience de plaisir. Les enfants le savent bien.
Eveline Hipeli, pédagogue des médias
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